L'armée turque réplique à l'UE en arguant de la menace islamiste

Publié le par Famagouste

L'armée turque a répliqué lundi aux accusations européennes d'une trop grande intervention dans la vie politique et se présentant comme le garant du maintien de la laïcité face à la montée de l'islamisme.

 

"On accuse l'armée d'intervenir en politique et on voudrait qu'elle reste neutre face aux attaques contre les grands principes de l'ordre constitutionnel", a déclaré le commandant en chef de l'armée de terre, le général Ilker Basbug, dans un discours devant une académie militaire, dont le texte a été communiqué à la presse.

"Les forces armées turques ont toujours assuré la protection de l'Etat nation, de l'Etat unitaire et de l'Etat laïque, et continueront à le faire", a-t-il ajouté.

Il répliquait ainsi à Hansjoerg Kretschmer, représentant de la Commission européenne en Turquie, qui avait estimé vendredi que la Turquie ne parviendrait pas à s'aligner sur les normes démocratiques de l'Union européenne tant que ses forces armées continueraient d'exercer une influence sur les questions civiles et d'échapper à tout contrôle.

"Le contrôle de toutes les institutions publiques est un élément clé dans les systèmes démocratiques", avait-il déclaré, insistant sur la nécessité pour la Turquie, dans son processus d'adhésion à l'Union européenne, de placer l'armée sous le contrôle des civils.

Le général Basbug a répondu lundi que l'interventionisme de l'armée était nécessaire face à "la menace réactionnaire (islamiste) qui atteint des niveaux inquiétants" et qui cherche à éroder les bases laïques de l'Etat turc moderne fondé par Mustafa Kemal Ataturk et "a déjà passablement progressé dans cette direction".

"Le gouvernement sera le premier à prendre des mesures s'il y a une régression réactionnaire en Turquie", a riposté Faruk Celik, haut responsable du Parti de la Justice et du Développement (PJD), formation conservatrice souvent accusée de chercher à remettre en vigueur des principes islamiques dans la vie publique.

Le responsable du PJD a fait valoir que les restrictions concernant l'éducation religieuse encourageaient les groupes musulmans à organiser des cours clandestins sur le Coran, considérés comme le terreau de l'extrémisme islamiste.

"De telles polémiques seront rapidement hors de propos si la Turquie poursuit le processus (d'entrée dans) l'Union européenne sans traîner en chemin", a ajouté M. Celik.

Ankara a entamé l'an dernier ses pourparlers d'adhésion avec Bruxelles et a entrepris une série de réformes destinées à intégrer les normes démocratiques de l'UE, consistant notamment à limiter les pouvoirs et le rôle politique de l'armée.

Les militaires turcs, qui se considèrent comme les gardiens du système laïque, ont par trois fois pris le pouvoir lors de coups d'Etat (en 1960, 1971 et 1980) et ont forcé à la démission le premier gouvernement islamiste en 1997.

AFP - 25 Septembre 2006

Publié dans Dans la presse

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