Ankara critique les propos de Chirac sur le génocide arménien

Publié le par Famagouste

ANKARA, 3 octobre (Reuters) - La Turquie a critiqué mardi les propos de Jacques Chirac selon qui Ankara devrait, avant de pouvoir adhérer à l'Union européenne, reconnaître en tant que génocide les massacres d'Arméniens de 1915 dans l'ex-empire ottoman.

Lors d'une visite d'Etat en Arménie le week-end dernier, le président français a exhorté la Turquie à assumer ce volet de son histoire tout comme l'Allemagne l'a fait avec la Shoah. "Faut-il que la Turquie reconnaisse le génocide arménien pour entrer dans l'Union ? (...) Honnêtement, je le crois", a dit Jacques Chirac. "Tout pays se grandit en reconnaissant ses drames et ses erreurs."

La Turquie rejette les accusations de génocide dont elle fait l'objet en raison des massacres de chrétiens arméniens commis sur son sol pendant la Première guerre mondiale, arguant qu'un grand nombre de musulmans turcs ont également péri dans les affrontements qui faisaient rage à l'époque.

LA TURQUIE "PROFONDEMENT AFFLIGEE"
"Nous avons été profondément affligés par les déclarations faites lors de la visite du président Chirac en Arménie, allant dans le sens d'accusations arméniennes dénuées de fondement", déclare le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le ministère ajoute que le chef de l'Etat français devrait soutenir l'appel du Premier ministre turc Tayyip Erdogan à la création d'une commission composée d'historiens turcs et arméniens qui serait chargée de faire la lumière sur ces événements remontant à plus de 90 ans.

Ankara note par ailleurs que, l'an dernier, Jacques Chirac avait estimé que la question du traitement des peuplés colonisés par la France devait être élucidée par les historiens.
La question arménienne est un sujet très sensible en France, pays qui abrite une importante diaspora, à l'approche de l'élection présidentielle de mai 2007

Le parlement français a prévu de débattre le 12 octobre d'une loi présentée par le Parti socialiste proposant de rendre illégale toute négation du génocide arménien.

En visite mardi à Ankara, le commissaire européen à l'Elargissement, Olli Rehn, a souligné cependant que la reconnaissance par la Turquie du génocide arménien ne constituait pas un préalable à son adhésion à l'UE.

"Nous voulons encourager un débat rationnel et constructif (sur ce qui s'est passé)", a déclaré Rehn, qui a salué l'idée d'une commission ad hoc avancée par la Turquie.

Publié dans Dans la presse

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