Le débat se durcit au Parlement européen sur la Turquie

Publié le par Famagouste

Le rapport de l'eurodéputé conservateur Camiel Eurlings était débattu mardi à Strasbourg. Gauche et droite s'opposent sur l'attitude à adopter à l'égard des réformes entreprises par Ankara.

Elargissement en veux-tu en voilà, ce mardi au Parlement européen de Strasbourg... Deux débats se sont succédé avec d'entrée de jeu l'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, puis celui sur le rapport du député Eurlings concernant la Turquie. Et chacun de s'en féliciter jusqu'à ce que le président du groupe des Verts, Daniel Cohn-Bendit ne secoue le ronron des débats en clamant que si c'était de la Turquie qu'il était question dans les rapports roumain et bulgare, ses collègues "au raient dit non !" Et Cohn-Bendit de s'emporter contre un Parlement "Béni-oui-oui" qui suit la Commission, qui suit le Conseil.

Tonitruante entrée en matière pour le débat suivant. D'entrée de jeu, l'eurodéputé conservateur néerlandais Camiel Eurlings a pointé le ralentissement objectif d'Ankara en matière de réformes depuis qu'en octobre 2005, la Turquie a officiellement entamé son processus d'adhésion.

Liberté d'expression, libertés religieuses... le bilan n'est pas fameux. Et si l'on ajoute la question de la reconnaissance de Chypre et celle du génocide arménien, on réalise que ce n'est pas demain la veille que le drapeau turc flottera aux côtés de ceux des 25 - bientôt 27 - membres de l'Union. Si Camiel Eurlings qualifie son rapport de "dur et juste", du côté de la gauche et des Verts au Parlement européen certains disent qu'il est "déséquilibré" voire "malhonnête". Ce sont en tout cas les mots qu'a employés le Vert néerlandais Joost Lagendijk en pointant surtout la question de la reconnaissance du génocide arménien. Radicalisé sous la pression de la Commission européenne, le rapport Eurlings fait de cette reconnaissance "une condition préalable à l'adhésion". Une dimension sine qua non qui va bloquer Ankara et mettre en difficulté les progressistes turcs, a signalé Lagendijk en faisant état de contacts sur place.

Autre noeud gordien : Chypre. Certes, en interdisant l'accès de ses ports aux bateaux chypriotes grecs, la Turquie ne respecte pas les engagements qu'elle a pris en juillet 2005, précise Cem Ozdemir, un eurodéputé vert allemand d'origine turque.

Mais, poursuit Ozdemir "pourquoi le rapport Eurlings ne mentionne-t-il pas les promesses faites à la partie turque de l'île ainsi que le référendum organisé par l'ONU en 2004, les Chypriotes grecs ayant alors voté contre la réunification de l'île alors que les Turcs avaient voté pour". Bref, certains jugent le rapport Eurlings non équitable et ils ont déposé une série d'amendements qui le tempèrent. Le vote est pour mercredi.

© La Libre Belgique 2006

Publié dans Dans la presse

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